24 août 2013

LA SOUFFRANCE AU TRAVAIL - QUE FAIRE?

Selon  une étude 2010 effectuée par le SECO sur les conditions de travail en Suisse, 34% de la population active souffre au travail avec impact sur la santé, (contre 27 % en 2000).

Une situation peut être qualifiée d'une souffrance au travail si vous êtes face à 
  1. un stress négatif systémique et chronique
  2. une atteinte à la personnalité caractérisée 
  3. un conflit interpersonnel non résolu
Le diagnostic de la situation à l'origine de la souffrance au travail est fondamental. 

Quand le stress professionnel devient-il souffrance?
Lorsque le stress au travail est négatif,  il devient une souffrance.
En principe, le stress est perçu comme négatif,   lorsqu'il y a un déséquilibre qui dure entre contraintes (les taches, relations de travail) et ressources  personnelles (temps, autonomie,  soutien social) que ce soit dans la sur-stimulation ou la sous-stimulation.
La réaction physiologique au stress  est toujours la même.
Il est l'ennemi n° 1 de la santé.

Quand l'atteinte à la personnalité est-elle caractérisée au sens du droit Suisse?
En droit Suisse, il s'agit de toute attitude abusive d'une ou plusieurs personnes,  qui vise à agresser ou à mettre en état d'infériorité un/e employé(e), de manière constante et répétée, pendant plusieurs mois.  L'atteinte peut être le fait de pairs ou de groupe de pairs dans une position hiérarchique ou pas. 

L'atteinte peut  prendre les formes suivantes:
  • être empêché de s'exprimer
  • être isolé suite à un conflit mal géré
  • subir la destruction de sa reconnaissance sociale (rumeurs, moquerie / insultes sur des traits liés à la personnalité)
  • se voir discréditer sur son lieu de travail  (absence/moindres tâches, absence d'information)
  • voir sa santé compromise (travaux dangereux, agression physique)

Attention : le fardeau d'apporter la preuve appartient à celui qui allègue l'atteinte! Les conséquences d'une fausse accusation d'une atteinte à la personnalité peut avoir des conséquences graves sur la réputation de la personne incriminée et c'est tout aussi répréhensible.


Quand est-ce que nous sommes dans une situation de conflit interpersonnel qui fait souffrir?
Si un conflit interpersonnel peut être traité de manière constructive,  il est source d'évolution et de changement ! Par contre s'il n'est pas traité, perdure et dégénère, il est source de souffrance. C'est très important d’adresser un différend et de le régler à titre préventif. 

Symptômes
Les signes liés au travail qui doivent alerter sont multiples: 
  • conflit interpersonnel non réglé qui perdure
  • fatigue chronique, troubles du sommeil, trouble de l'appétit, maux de tête et maux au ventre
  • sentiment de solitude ou d'exclusion
  • peur ou l'anxiété 
  • perte de motivation qui dure

Quel impact?
Une souffrance au travail peut avoir des répercussions graves de santé psychique et physique.
Elle comporte en soi le risque inhérent d'épuisement et d'affecter la façon dont sa charge est supportée que ce soit professionnellement, dans sa famille, ou socialement.

Pourquoi ?
Si le travail peut faire souffrir c'est tout d'abord parce que le travail est un "bien" pas comme un autre puisqu'il  porte en soi la promesse de satisfaire des besoins fondamentaux comme: 
  • d'épanouissement personnel
  • d'accomplissement de Soi 
  • de reconnaissance
  • d'autonomie  et d'indépendance 
  • de sécurité financière
  • de liens sociaux

C'est donc parce qu'il comporte en lui la possibilité de satisfaire des besoins fondamentaux, que si ses conditions sont négatives,  il est aussi destructeur sur la personne!

Si une situation au travail peut faire souffrir de façon chronique c'est aussi  par:
  • l'absence de politique interne en matière de protection de la personne au travail 
  • l'absence de compétences internes de diagnostic et de prise en charge des problématiques spécifiques
  • l'absence de la possibilité de consultation indépendante, et confidentielle avec force de proposition individuelle ou de recommandation de mesure  collective
  • une mauvaise organisation au travail 
  • une mauvaise communication interne 

Ces éléments amplifient et font durer le phénomène dont l'importance ne se révèle souvent que lorsqu'il y a rupture!

Quand agir si on souffre au travail?
Le mal-être a un effet sur la santé physique et psychique.
Il vaut mieux agir le plutôt possible dès que les conditions sont réunies car plus on s'enferme dans une situation malsaine, plus c’est difficile d'en sortir.

Que faire ?
L'employeur est tenu de veiller à la protection de la personnalité de son employé et de prendre des dispositions pour protéger et faire respecter la personnalité et la santé de ses employés (CO 328, 324, 336, 336a, 49). Il est donc tenu de prendre des mesures.

Art. 328  Protection de la personnalité du travailleur
1 L'employeur protège et respecte, dans les rapports de travail, la personnalité du travailleur; il manifeste les égards voulus pour sa santé et veille au maintien de la moralité. En particulier, il veille à ce que les travailleurs ne soient pas harcelés sexuellement et qu'ils ne soient pas, le cas échéant, désavantagés en raison de tels actes.1
2 Il prend, pour protéger la vie, la santé et l'intégrité personnelle du travailleur, les mesures commandées par l'expérience, applicables en l'état de la technique, et adaptées aux conditions de l'exploitation ou du ménage, dans la mesure où les rapports de travail et la nature du travail permettent équitablement de l'exiger de lui.2

Quand on commence à souffrir au travail, il ne faut pas attendre la rupture. Il s'agit d'évaluer les actions possible les plus réalistes pour soi :

A l'interne : 
  • demander que l'employeur agisse  sur l'organisation du travail pour prévenir le stress négatif
  • demander une médiation pour résoudre un conflit interpersonnel et permettre au différend d'être résolu de manière constructive
  • s'adresser par écrit aux acteurs de l'entreprise compétents pour faire cesser l'atteinte: RH, hiérarchie directe ou non directe, commission du personnel, syndicat, association professionnel etc.
A l'externe
  • faire diagnostiquer sa situation de manière indépendante et connaître ses droits et obligations y relatif
  • se mettre en réseau avec d’autres professionnels et services de soutien spécialisés (avocat, spécialiste, groupe de confiance, coach) 
  • trouver des solutions possibles pour sortir de la situation de souffrance et décider des actions à prendre pour aller mieux
  • solliciter son médecin généraliste et limiter les dégâts physiologiques
  • faire une dénonciation à l'office cantonal d'inspection et des relations de travail 
  • faire reconnaître et  valoir ses droits en justice dans certain cas

Parfois, compte tenu des forces en jeu, il n'est pas possible d'agir sur les facteurs à l'origine de la souffrance au travail.

Dans ce cas,  il s'agit de limiter les dommages et parfois la moins pire des solutions est d'envisager de quitter son emploi. Le mieux est de préparer cette phase de changement et de transition.

Ne laissez pas un/e collègue dont vous percevez les signes extérieurs de souffrance au travail seul!  

Conclusion
L'absence de prise en charge à l'interne de l'entreprise de la souffrance au travail coûte cher à l'entreprise et à la société !

A l'inverse, lorsqu'il y a des acteurs à l'interne qui prennent en compte les dysfonctionnements qui présentent des risques pour la santé des salariés et si la direction est de bonne foi et a conscience de sa responsabilité, des actions sont possibles. Seule une délibération collective peut permettre de toucher à une organisation du travail à l'origine de souffrances.

Il s'agit de remettre l'humain au centre de la relation de travail! 

La souffrance au travail n'est pas une fatalité. 

Sa résolution passe avant tout par une implication personnelle  à vouloir résoudre la problématique, et cela n'exclut pas le recours à des tiers!


Il est nécessaire de pouvoir offrir aux personnes concernées un lieu d’écoute, de prise en charge et de coaching.

Je reste à disposition pour une relecture de votre situation et pour trouver des solutions qui vous conviennent en fonction de vos contextes et valeurs spécifiques.


Références et liens utiles à Genève :
SECO :
Le Secrétariat d'Etat à l'économie

OCIRT (Genève)
Santé et sécurité au travail

NON C NON!
Site d'information sur le harcèlement sexuel au travail 

Stress info

HUG (Genève)
Groupe de protection de la personnalité
Tel. 022 305 40 71
groupe.protectionpersonnalite@hcuge.ch


Groupe de confiance , Genève
www.ge.ch/confiance

Souffrance au travail, guide pratique (France)

Dr. Marie Pezé
http://www.souffrance-et-travail.com/