L, 30 se présente à mon cabinet pour une peur excessive, et
durable, du rapport à l’autre. Elle a une crainte anticipatoire, intense et
persistante du jugement de l’autre dans toute situation où elle est vue ou
entendue, que ce soit par une personne ou un groupe. Plus qu’une peur
raisonnable et fondamentale à l’idée de se confronter à une situation banale,
cette phobie sociale se traduit par une réelle crainte qui est handicapante.
L. est soucieuse, stressée, incapable de se raisonner ou de relativiser.
Elle anticipe les situations qu’elle redoute bien à l’avance et lorsqu’elle s’y
confronte, elle peut être prise de crise de panique plus ou moins paralysante :
mains moites, accélération du rythme cardiaque, rougissements, tremblements,
perte de mémoire, perte de concentration…
Mais concrètement, de quoi a-t-elle peur ?
Elle craint avant tout le regard de l’autre, le jugement, la critique,
et par extension, le rejet.
Elle redoute aussi l’intimité, le contact physique, le rapprochement et
l'agressivité des gens.
L. est hypersensible et perfectionniste.
Elle est généralement très exigeante vis-à-vis d’elle-même, supporte mal
le fait d’échouer et tombe souvent dans l'auto-critique.
D'après les spécialistes, ce sont des très traits communs aux personnes
sujettes à une phobie sociale.
Les origines de sa phobie sociale sont multifactorielles. Les facteurs
sont liés à sa personnalité, à ses expériences et aux événements de sa
vie. Elle a grandi dans un environnement familial hyper
contrôlant, avec beaucoup d’attentes et peu encourageant. Ceci l'a conduit à ne
pas se faire confiance dans ses choix et ses expériences sociales. Ce souvenir
a conditionné sa conscience, lui signifiant que les relations sont dangereuses
et qu’il faut les éviter.
Les conséquences de la phobie sociale sont devenues surtout visibles
pour L. au début de l’âge adulte, lorsqu'il n'a plus été possible de contourner
les situations sociales. À l’âge où elle a commencé à construire sa vie, à
mener ses études, à se faire des amis, à développer sa vie amoureuse et
professionnelle… elle a rapidement alors eu tendance à avoir peur de l'autre et
éviter les situations sociales, ou à les écourter le plus possible. De quoi
continuer à réduire sa confiance en elle, et l’isoler.
A 40 elle vit seule, sans conjoint, sans
enfant, et travaille dans un poste dans lequel elle n'arrive pas à atteindre le
niveau professionnel qu'elle pourrait espérer. Le jugement de sa mère sur ses
aspirations professionnelles la contraint dans un poste administratif qu'elle
n'aime pas et le jugement de ses collègues lui est insoutenable. Elle n'ose pas se défendre ou se positionner ou mettre des limites pour le
moment. Sa souffrance est nourrie au quotidien par la peur, la honte, la colère et son état de tension permanente. Partagée
entre la peur et un dialogue interne autocritique, elle ne profite pas de
l'instant présent.
Comment surmonter la
phobie sociale
Si la peur est une émotion fondamentale et raisonnable qui nous protège,
ce qui handicape gravement, par contre, c'est la crainte préventive face à ce
qui est perçu comme une menace et nous fait craindre le lien à l’autre.
Vaincre la phobie sociale est possible , si l'on apprend d'abord à connaître
sa peur pour la prévenir, puis s'habituer progressivement à affronter les situations redoutées pour la remettre à sa
juste place et en devenir le maître.
La première étape vers la transformation est l’accueil de soi sans
jugement avec sa peur. "Si vous accueillez vos émotions, les phobies
disparaitront" Nassrine Reza. C'est en cessant de lutter contre ses
émotions, en les refoulant ou les masquant sous de faux-semblants que naît la possibilité de la transformation.
La deuxième consiste à permettre à la conscience de lever le voile du
conditionnement, neutraliser les événements à l'origine de sa phobie sociale,
conquérir des états du moi apaisé, prendre en charge son besoin de sécurité et
de réassurance, les communiquer et s'autoriser à accueillir la
transformation. Un processus qui se travaille sur la ligne du temps et
active les capacités naturelles .
« La peur que l'on regarde en face se
transforme en courage » Giorgio Nardone.
Ces démarches de développement personnel donnent d'excellente occasion de connaitre les apprentissages en arrière de ses phobies sociales.
Ces démarches de développement personnel donnent d'excellente occasion de connaitre les apprentissages en arrière de ses phobies sociales.
Lorsque les méthodes psychologiques complémentaires ne sont pas suffisantes, ou ne peuvent être mises en œuvre, et si la phobie sociale est vraiment trop forte ? Il est préférable de
se référer à un diagnostic médical et d'en suivre le traitement.
Caroline Wieland, Actualise coach de vie et de carrière, hypnothérapeute,
www.actualise.ch
Pour en savoir plus :
Dépasser les limites de la peur , Giorgio Nardone 2016
Au-delà des miracles : Un état des lieux de la thérapie brève
solutionnistes, Steve de Shazer, 2009
Le pouvoir de l'accueil, Nassrine Reza 2016