20 décembre 2017

Noel n’est pas là où on l’attend

L'autre jour en marchant dans les rues basses, par un froid hivernal, je rencontre une amie.  Je l'invite à boire un thé. Cela me faisait plaisir de recevoir de ces nouvelles. C'est une femme courageuse, travailleuse, et tenace. Elle cultive sa « terre » avec bonheur. Elle s’engage pour être une femme autonome et active en famille, au travail et dans ses relations. Son travail lui permet de mettre sa famille en sécurité, sa santé lui permet de pratiquer des activités qu’elle affectionne, et elle puise dans la force de son expérience pour accompagner ses proches.

Pourtant cette année 2017, elle l’a vécu en tirant les ficelles de plusieurs pertes : emploi, santé, attentes déçues. Il lui a semblé en rien cueillir les espoirs semés.   Un flot tumultueux a envahi ses terres et l’a submergé pour un temps. La peur a commencé à étreindre son cœur : elle n’avait de cesse d’user de la pelle et la pioche pour remettre en ordre ses biens.  L’eau monta encore. Elle s’est retrouvée sur le toit, serrant contre elle, la nuit, ses biens les plus précieux.

Son compagnon, en bon marin,  veillait au grain. Il la connaissait : elle était si obstinée qu’elle était capable de se laisser emporter par les flots plutôt que de quitter ses biens.   « A trop vouloir contrôler les choses, tu les perds !  Pour faire face au danger, il faut parfois savoir cesser de lutter contre lui. » lui disait-il. 

L’année a passé sans que les flots ne baissent : rien n’est revenu à meilleure fortune. D’alliée, la nature était devenue hostile.  Elle se sentait impuissante devant tous ces vents contraires qui soufflaient dans sa vie.

Elle avait pourtant un profond désir d’agir pour arriver à bon port. Elle questionnait, cherchait, attendait et pansait ses maux. Et là la tasse de thé chaud , à la main, elle avait bien le sentiment que la vie lui demandait d’apprendre une leçon de fond, là où elle rêvait de ligne droite et de récompense. Dans son esprit, elle s’organisait pour séparer le bon grain de l’ivraie et à reconnaitre là où il est bon cultiver. 

Elle a bien lutté pour reconquérir une partie du terrain perdu, mais à ce jour le terrain est toujours aussi instable que rien ne s’y laisse planter. Son compagnon lui répétait « tu as tout fait pour sauver tes terres. Cette fois la nature est plus forte que toi. A trop tirer sur les tiges elles se brisent. Même si tu attends, le soleil ne se lèvera pas plus vite. Il y a des changements qui ne dépendent pas de toi.  A trop penser à ce que tu as perdu tu t’attaches à tes peines.  Accepte ce qui est et ce qui n’est plus ou ne sera pas. »

Tous ces conseils l'interpellaient mais elle ne savait pas très bien comment faire. S’il ne fallait pas agir pour éviter, fallait-il se résigner ? Ce n’était pas son genre. 

A accueillir ce qui est et ce qui n'est plus, elle a compris que cesser de lutter vainement, ce n’était pas se résigner. C’est accepter une réalité qui ne peut être changée. Elle a compris que si elle continuait à être habitée par des attentes idéalisées, elle passerait son temps à ruminer par frustration et à sombrer dans le désespoir. Et cela finirait par se cristalliser dans son corps.  La tristesse qui accompagne l’acceptation de ce qui n’est plus  aide à mettre du réconfort là où la lutte met de la tension douloureuse.

En y pensant plus, si d’aventure l’idéal devait se produire quand même, son bonheur serait deux fois plus grand ! Accepter de laisser aller ce qu’on ne peut retenir, demande autant de courage que la lutte contre les éléments.   En acceptant elle s'est rendue disponible pour valoriser ce qui lui est donné :  le temps de grandir, le temps de transmettre des perles de sagesse, le temps de faire confiance, le temps d’accueillir, le temps de se réjouir en toute simplicité, le temps de dire merci , à son compagnon d'abord puis à la vie et de goûter à la joie de vivre. Cela même qu’elle a abandonné, devient en elle un terreau fertile et la vie à nouveau son alliée.

Jean d’Ormesson, le disait dans une de ces dernières interviews, à Pardonnez-moi avec Darius Rochebin : « Parfois, il vaut mieux ne pas voir ses attentes se réaliser, car qui sait si nous aurions pu apprendre cette sagesse, sans cela « !  

Il y de ces rencontres qui nous rendent  l'espoir d'un futur meilleur pour soi.


Belles fêtes de fin 2017 à chacun et que votre année 2018 soit clémente ! 


Caroline Wieland – coach de vie  et de carrière, hypnopraticienne et sophrologue  – fondatrice d’Actualise un cabinet de thérapies naturelles  - www.actualise.ch